Où est la joie ?

Cela faisait plus de dix ans que je n’avais pas sorti de disque. Et je ne pensais à vrai dire pas vraiment en ressortir un.

Et puis le besoin est venu. Des textes se sont imposés, des musiques m’ont happé, j’ai eu besoin de cristalliser ces éruptions.

Toutefois, je ne me faisais pas d’illusion quant à un éventuel « succès ». Je n’ai pas de structure, pas de producteur, pas de partenaire, j’auto-produisais absolument tout tout seul.

Alors la moindre des choses était de me faire plaisir ! Et le maître mot de ce disque a donc été « me faire plaisir ».

Le plaisir n’est pas la joie, le plaisir n’est pas toujours agréable, le plaisir n’est pas quiétude.

Les textes m’ont été douloureux. Pas à écrire -ça a été jouissif-. Mais à relire et à comprendre : ce qu’ils me renvoyaient de moi m’a parfois effrayé. J’ai toutefois conscience qu’une chanson est un instantané, la cristallisation d’une humeur, d’un regard, d’une émotion. Comme une photo.

Puis à enregistrer : retrouver les états émotionnels qui m’ont poussé à écrire ces mots, mais avec la distance et la retenue que demande l’enregistrement, si on souhaite ne pas voler l’émotion à l’auditeur.

Quoiqu’il en soit, le plaisir pour moi n’a pas été de passer des moments agréables : il a été d’être libre d’être pleinement moi. Autant que j’en sois capable en tout cas.

En cela, ce disque a quelques parentés avec L comme Lui.

 

NB : puisque « se faire plaisir » était le maître mot, j’ai réalisé avec ce disque un rêve d’adolescent : c’est en effet Dominique BLANC-FRANCARD, le maître du son à mes yeux, qui a mixé l’album. Et c’est Simon FACHE qui l’a réalisé.